Que sait-on de la Covid longue et comment la soulager?
Bonjour à vous, bienvenue à Je vote
pour la science.
Fin septembre se déroulait le premier
symposium canadien sur la COVID-Long
ou syndrome post-COVID-19.
Le nombre de Québécois atteints de
la COVID-Long voisinerait plus de
1000 personnes.
Une maladie handicapante ou des
symptômes débilitants perdurent pendant
des semaines ou des mois après une
infection aiguë de la COVID-19.
On parle de fatigue chronique, de
douleurs, de maux de tête, de problèmes
respiratoires, de sommeil, de
difficultés de concentration et de bien d
'autres symptômes.
Cela toucherait près de 15 % des
personnes ayant contracté la COVID,
soit près d 'une personne sur six
et près d 'un travailleur de la santé
sur dix en souffrirait, selon une
récente étude de l 'Institut national
de santé publique.
Des chercheurs canadiens se sont
donc réunis durant deux jours pour
partager leurs connaissances,
démystifier le syndrome post-COVID et
trouver des solutions pour que les
patients de cette pathologie vivent
mieux.
Que comprend-on de la COVID-Long et
comment soulager ceux et celles qui
en souffrent ?
On en parle tout de suite.
Restez là.
Fatigue chronique, maux de tête,
douleurs et courbatures, brouillard
mental, ce ne sont que quelques-uns
des symptômes avec lesquels de très
nombreux Québécois vivent.
Ils ont la COVID-Long ou le syndrome
post-COVID.
Cette pathologie survient après
avoir contracté la COVID-19 et pose des
défis de taille pour les chercheurs
et surtout les patients vivant avec
elle.
Pour en parler, je suis en compagnie
de Marie-Hélène Poudria, professeure
agrégée à l 'école de physiothérapie
et d 'ergothérapie de l 'Université
McGill, elle est physiothérapeute
de formation, elle est aussi neuroscientifique.
Vous êtes aussi membre du comité d
'experts du réseau des cliniques
spécialisées en syndrome post-infectieux
COVID-19 Long et maladie de
Lyme du CHUM.
Bonjour.
Bonjour.
Je suis aussi en compagnie de Guylaine
Dussault, conseillère principale
en RH et patiente atteinte de la
COVID-Long que nous rejoignons dans la
région de Québec.
Bonjour madame Dussault.
Bonjour.
Et en compagnie d 'Alain Moreau,
professeur titulaire à la faculté de
médecine dentaire au département de
stomatologie et à la faculté de
médecine du département de biochimie
et de médecine moléculaire de l
'Université de Montréal, directeur
du réseau canadien de recherche
concertée interdisciplinaire sur l
'encéphalo-myélite-myalgique-EM.
Bonjour.
Bonjour.
Donc, bienvenue à tous les trois.
Le syndrome post-COVID connu aussi
sous le nom de COVID-Long est une
pathologie réelle encore bien
incomprise et sous-diagnostiquée.
Il y aurait plus de 200 symptômes
touchant plus de 10 systèmes corporels,
respiratoires, nerveux, circulatoires,
digestifs, musculo-squelettiques.
Près de 10 % des personnes qui ont
contracté la COVID vivent avec une
fatigue incapacitante, des douleurs
musculaires, une tachycardie ou
encore des malaises post-efforts.
On va explorer tout ça.
Que dit la recherche et comment se
portent les malades qui ont le syndrome
post-COVID?
Nous allons voir ça.
Peut-être pour commencer, Madame
Dussault, vous avez contracté la COVID
en janvier 2022 et donc depuis un
an et neuf mois, vous souffrez de COVID-Long.
D 'abord, comment allez-vous?
Je vais un peu mieux.
En fait, c 'est certain, en janvier
2022, lorsque je l 'ai eu, j 'ai été
un bon quand même trois mois et demi
sur le dos, comme on dit.
Je l 'ai recontracté aussi en août
2022,
donc deux fois.
C 'est certain que c 'était beaucoup
respiratoire de mon côté,
la toux, le mal de corps, j 'ai
entendu la fatigue extrême, maux de tête.
J 'avais toujours un point à la
poitrine qui m 'empêchait de dormir, un
genre de sensation de froid lorsque
je respirais.
C 'était vraiment assez intense.
J 'ai visité beaucoup de médecins
d 'urgence à ce moment-là parce que j
'avais même peur de ne pas me
réveiller le matin.
Et puis par la suite, la toux quand
même a diminué après un bon trois
mois et demi.
Les problèmes respiratoires, ça a
toujours un peu continué.
Maintenant, c 'est comme une sensation
de petite bulle qui éclate à la
fin de mon inspiration.
Donc, j 'ai l 'impression qu 'il y
a toujours un petit quelque chose.
Bien entendu, la fatigue reste, le
mal de tête et tout ça.
Le brouillard mental, la difficulté
à me concentrer, à réfléchir.
Je suis incapable de lire plus qu
'un paragraphe.
Les douleurs musculaires,
les problèmes de digestion.
Des fois, j 'ai l 'impression d
'être comme une femme enceinte.
J 'ai tellement de ventes gonflées.
Il y a tellement de symptômes aussi.
Ma vision, des fois, s 'embrouille.
Tout d 'un coup, j 'ai l 'impression
que je ne vois pas bien d 'un oeil.
Le niveau d 'énergie baisse tellement
vite.
Donc, c 'est vraiment beaucoup de
choses.
C 'est difficile même à expliquer
qu 'il y en a tellement de symptômes.
Vous avez quand même une famille
qui comprend.
Oui, effectivement.
J 'ai beaucoup de support au niveau
de ma famille proche, de mes amis
proches aussi.
Ils s 'inquiètent aussi pour moi.
Bien entendu, c 'est difficile à
comprendre pour eux quand même.
Parce que ça ne paraît pas toujours.
Ça paraît dans mon visage, mes yeux.
Mais quand même, ce n 'est pas
toujours visible.
Maintenant, c 'est même mon conjoint
qui me dit de ne pas trop en faire.
C 'est au niveau où je suis vraiment
bien encadrée.
Quand je parle plus à mes connaissances,
là, ils sont comme « Ah, ok, c
'est quoi ça ?
» « C 'est quoi tes principaux
symptômes ?
» Il y a de l 'incrédulité.
De l 'incrédulité quelque part.
Au début, maintenant, beaucoup plus.
Parce qu 'au début, je pense que
les médecins même, ils ne savaient pas
trop c 'était quoi et tout ça.
Maintenant, je me sens plus accompagnée.
J 'ai un médecin spécialiste, un
médecin de famille, un philiothérapeute.
J 'embarque dans un programme aussi.
Donc, je me sens plus épaulée.
Oui.
Racontez-nous peut-être, il y a des
deuils à faire.
Comment c 'est une journée typique
pour vous ?
En fait, j 'aime bien le cadre
habituel.
Parce que les enfants vont à l
'école, je veux m 'assurer qu 'ils partent
à l 'école.
Sinon, je continuerai à dormir.
Je déjeune.
Je fais des petites tâches légères.
Vraiment légères.
Quand je vais partir brasser, laver,
peut-être ramasser ma vaisselle et
tout ça.
Lorsque j 'ai des rendez-vous, par
exemple, dans la journée, je m 'organise
pour ne pas faire d 'autres choses.
Et jamais deux jours de suite.
Je fais un petit peu d 'artisanat.
Quand il fait beau, je vais dehors.
Après ça, je vais dîner.
Mes rendez-vous dans l 'après-midi
et le souper, je ne suis pas capable.
Je n 'ai plus d 'énergie pour faire
le souper.
Je suis très fatiguée.
Donc, moi, mon dodo, c 'est à minuit
heure maximum.
Je suis couchée.
Vous avez renoncé à retourner au
travail ?
Oui.
Là, c 'est certain que je ne retourne
pas au travail.
Pas encore.
On va voir ce qui va se passer.
C 'est certain que pour le travail,
je ne me vois pas vraiment recommencer
tout de suite.
Oui, on comprend.
Madame Boudria, professeure Boudria,
il y a eu récemment le premier
symposium canadien sur la COVID
longue auquel vous avez participé.
Parlez-nous un petit peu des personnes
qui sont peut-être les plus
touchées par cette pathologie ?
Oui.
Alors,
c 'est beaucoup plus les femmes qui
sont touchées.
On parle d 'à peu près 65 à 70 %.
Et aussi, la proportion d 'âge serait
davantage celle touchée, celle
âgée entre 35 et 55 ans.
Donc, ça, c 'est notre population
cible.
Et il n 'y a pas vraiment… Il y a
quelques facteurs qui sont associés
davantage au développement de la
condition, donc en présence de diabète.
Mais sinon, il n 'y a pas beaucoup
de facteurs ou de caractéristiques
qui font que quelqu 'un va développer
la condition plus qu 'une autre.
Donc, ça rend vraiment toute personne
atteinte, toute personne qui peut
être atteinte
sans nécessairement avoir une
prédisposition quelconque.
Oui.
C 'est difficile à diagnostiquer
aussi, à tester, j 'imagine ?
Oui.
En ce moment, c 'est vraiment un
bilan clinique qui nous permet d 'établir
un diagnostic.
Donc, pas de test spécifique.
Et ça prend beaucoup d 'écoute.
Donc, souvent, c 'est des gens qui
ne savent pas nécessairement qu 'ils
sont atteints.
Ça prend quelqu 'un qui est capable
d 'écouter pendant un moment parce
qu 'on a,
comme Mme Dussault nous a mentionné,
on a un ensemble de symptômes, jusqu
'à 200 symptômes qui sont répertoriés
pour cette condition.
Et voilà, ça fasse.
Il faut vraiment écouter et bien
discerner,
c 'est ça, les symptômes qui sont
présents.
Et écouter avec bienveillance aussi.
Tout à fait.
Dans le jugement.
Professeur Moreau, vous, vous êtes
un spécialiste de l 'encéphaliomyélite
myalgique, E .M., je vais l 'appeler
comme ça tout le long de l 'émission,
qu 'on connaît aussi sous le nom de
syndrome de fatigue chronique, ce
qui touche plusieurs parties du
corps et qui reste mal compris encore.
De nombreux patients de la COVID
longue en souffrent.
Expliquez-nous.
Effectivement, l 'encéphaliomyélite
myalgique,
ou si vous préférez, le syndrome de
fatigue chronique, dans près de 75
% des gens, les personnes qui vont
développer cette condition-là, le
développe suite à une infection
virale.
Donc, que ce soit le virus de la
grippe, que ce soit le virus de la
COVID, mais aussi d 'autres virus
comme le West Nile virus ou des virus
un peu plus exotiques, qui vont
amener à un développement, une fatigue
profonde, inexpliquée, même suite
à un repos où on ne peut pas récupérer,
et également d 'autres symptômes.
Mais le symptôme cardinal de l
'encéphaliomyélite myalgique, qui est
aussi très présent chez les gens
qui ont la COVID longue, c 'est vraiment
ce fameux malaise post-effort, qui
permet un peu de distinguer, par
rapport à d 'autres conditions,
facilement, et ça a pour conséquence
de perturber évidemment le sommeil,
mais aussi d 'amener une aggravation
d 'un vaste ensemble de symptômes.
Donc, on est assez bien placé pour
comprendre ce qui se passe avec la
COVID longue, et pour nous, la COVID
longue, c 'est un peu comme une transition.
Donc, en soi, ce n 'est pas une
maladie, c 'est une transition, et ce
qui est important pour nous, d 'un
point de vue recherche, et même chose
pour les cliniciens,
c 'est d 'établir les trajectoires.
Donc, après quel moment, quelqu 'un
va être capable de récupérer, et on
comprend que ça peut prendre pas
mal de temps, donc ça peut prendre
facilement, dans certains cas, jusqu
'à deux ans, mais on est capable,
on a développé des tests, on a
développé des biomarqueurs, qui sont
toujours à l 'étape de la recherche,
malheureusement, mais on est capable
de voir ces trajectoires-là.
Donc, je vous dirais que près de 60
% des gens qui ont la COVID longue,
après six mois,
et là, je parle des gens qui n 'ont
même pas été hospitalisés pendant
leur COVID, mais qui avaient des
symptômes moins légers à modérer, ou
même, dans certains cas, ils étaient
asymptomatiques,
ont développé une COVID longue, et
qui persiste au-delà de six mois.
Donc, lorsqu 'on recrute ces gens-là,
on les a testés, on a pu, grâce à
différentes approches et différents
biomarqueurs, notamment par la
provocation du malaise à préafford
par une méthode standardisée.
Donc, on révèle ce qu 'on ne voit
habituellement pas si on fait une
simple prise de sang au repos.
C 'est ce qui arrive dans la plupart
des cliniques COVID longues.
Donc, les prises de sang et les
marqueurs usuels sont d 'aucune utilité
parce qu 'on ne voit rien.
Mais en faisant cette manœuvre
provoquée standardisée, on révèle vraiment
des facteurs clés qui expliquent un
ensemble de symptômes, et on peut
prédire la trajectoire des gens à
l 'avance ce qui est important dans
un contexte de briser un certain
cercle vicieux pour empêcher justement
que les gens développent l
'encéphalomyélite myalgique, par exemple.
Donc, 60 % des patients qu 'on a
regardés avec COVID longues vont soit
faire l 'encéphalomyélite myalgique
après 14 mois, ou la fibromyalgie,
ou une combinaison des deux, ce qui
est encore plus aggravant.
Par contre, on voit aussi deux autres
sous-groupes.
On a des gens qui vont, ce qu 'on
résume par des troubles neurologiques,
et aussi des gens avec, un peu comme
Mme Dussault, avec une affectation
ou des troubles respiratoires assez
sévères, notamment lorsqu 'ils sont
en effort.
Donc, ça ressemble un peu à un
anphysème très sévère
qui amène des grandes limitations.
Donc, on est capable de prédire ces
choses-là, et on a toutes différentes
approches qui nous permettent de
mieux comprendre ce qui se passe.
Donc, prédire les trajectoires, je
pense que c 'est un gros plus qui s
'en vient, au même titre de trouver
des solutions thérapeutiques pour
chacune de ces trajectoires.
Oui.
Professeur Baudrillard, vous vous
intéressez à l 'impact de la COVID-19
sur le cerveau.
Votre étude se penche sur les effets
à long terme de la COVID longue sur
le système nerveux autonome et les
symptômes d 'isotonomie.
Vous allez nous expliquer en utilisant,
entre autres choses, la neuro-imagerie.
Donc, expliquez-nous un petit peu
l 'effet sur le cerveau de cette COVID.
Oui.
Alors,
il y a des études qui ont montré qu
'il y a vraiment, et ça, c 'est une
étude qui s 'est déroulée en
Angleterre.
Donc, à travers une biobanque, on
a pu voir,
comparer les images de résonance
magnétique qui ont été faites avant
quelqu 'un qui a attrapé la COVID
et après, et on voit qu 'il y a une
dégénérescence au niveau de la
matière grise du cerveau d 'à peu près 3
%, qui correspond à un vieillissement
de 10 ans.
Et on a aussi des mesures qui montrent
qu 'il y a une diminution de l
'excitabilité du cerveau, particulièrement
du cortex moteur, qui
expliquerait peut-être en partie un
ensemble de symptômes reliés avec
la fatigue durant le mouvement.
Alors, nous, on a eu des fonds de
l 'Institut de recherche en santé du
Canada pour aller voir qu 'est-ce
qui se passe au niveau du cerveau et
de voir particulièrement la cause
des symptômes qui sont associés à un
dysfonctionnement du système nerveux
autonome.
Entre autres, chez les gens qui
souffrent de COVID longue, certains ont
des symptômes comme l 'hypotension
orthostatique, c 'est-à-dire que c
'est une chute de pression lorsqu
'on se lève ou lorsqu 'on change de
position, et aussi une tachycardie
orthostatique posturale.
Lorsqu 'on change de position
également, bien, il y a le cœur s 'accélère
et là, on est en présence de maux
de tête,
malaise, fatigue, sueur et nausée.
Donc, on essaie de voir quelle est
la cause de ces symptômes-là et on
va pouvoir le faire sur une cohorte
de 300 participants.
Donc, c 'est quand même quelque
chose d 'assez exhaustif.
Expliquez-nous ce que c 'est le
dysautonomie.
Dysautonomie, voilà.
En fait, c 'est toutes les fonctions
qui ne sont pas dans notre contrôle,
donc la digestion, la tension
artérielle, le cœur, donc tout ce qui se
passe dans notre corps dont on n
'est pas nécessairement conscient et
qui est sous le contrôle du système
nerveux autonome.
Donc, c 'est vraiment, il y a
plusieurs, les centres se trouvent dans
le tronc cérébral, entre autres, ce
qui fait que ça rend ça assez difficile
et on utilise, on est chanceux, on
utilise un des seuls, il y a deux
scanners au Canada qui ont une
puissance de 7 teslas.
On en a un à Montréal, à l 'Institut
neurologique de Montréal et puis
on va pouvoir aller voir de façon
plus spécifique
ces petits noyaux-là qui sont situés
dans le tronc cérébral.
C 'est ce système-là, finalement,
qui, j 'allais dire, pose problème
mais qui est affecté, en fait, par
la COVID.
Voilà.
De ce qu 'on se rend compte le plus
en plus, finalement.
Voilà.
Et j 'ai aussi une autre étude qui
utilise l 'électroencephalographie
qui, là, on va vraiment voir, bon,
l 'activité neuronale plus au niveau
du cortex et d 'essayer de trouver
les liens avec les principaux symptômes
qui ont été mentionnés par Mme
Dussault, donc les malaises post-efforts,
la fatigue et le brouillard mental.
Oui, parce que c 'est ça, c 'est
pas juste dans l 'imagination des
personnes, dans cette gestion d
'énergie, il y a physiologiquement des
endroits où on peut, justement,
retracer ce syndrome post-COVID, si je
comprends bien.
Oui, bien, comme M.
le professeur Moreau l 'expliquait,
on est à la recherche de biomarqueurs,
donc vraiment, là, des mesures
concrètes qui nous permettent d 'associer
les symptômes et un fonctionnement
ou un dysfonctionnement d 'une région
spécifique dans le cerveau.
Oui.
Professeur Moreau, vous êtes un
expert international reconnu dans le
domaine de la génétique moléculaire
des maladies musculo-squelettiques
complexes.
Quels sont les symptômes de la COVID
longue sur ce système-là, musculo-squelettique?
Bien, évidemment, on va se retrouver
avec une fatigue musculaire qui
peut, dans certains cas, être
extrêmement profonde et entraîner aussi
des douleurs,
ce qui va, dans certains cas,
reproduire certains symptômes qu 'on
retrouve, par exemple, chez les gens
qui sont atteints d 'une fibromyalgie
sévère.
Donc, ça peut aller à des douleurs
musculaires et jusqu 'à articulaires.
Donc, ça devient encore une fois
des symptômes qui chevauchent d 'autres
conditions et qui touchent aussi de
façon beaucoup plus prévalente les
femmes que les hommes.
Donc, en musculo-squelettique,
surtout dans les pathologies complexes,
les femmes sont malheureusement plus
souvent qu 'autrement atteintes en
plus grand nombre et en sévérité.
Il y a aussi un facteur qui est
clair, c 'est qu 'il y a une contribution
des oestrogènes dans l 'exacerbation
de certains symptômes et certains
des biomarquants qu 'on regarde sont
effectivement influencés par le
niveau d 'oestrogène.
Donc, ça va varier d 'un point de
vue du cycle astral de la femme.
Ça va varier aussi en intensité chez
les femmes plus jeunes versus les
femmes qui vont arriver à la
périménopause ou à la ménopause.
Donc, on voit que ce n 'est pas
juste parce que les femmes apprennent à
vivre avec leurs conditions et font
ce qu 'on appelle le pacing, qui est
une activité qui permet de protéger
son enveloppe énergétique et de faire
des choix dans les activités pour
se prémunir justement de faire des
chutes, des crashes
qui vont les amener à devoir s
'allonger pendant plusieurs heures, si
dans certains cas même plusieurs
jours.
Donc, on voit cette influence-là
des hormones sexuelles, notamment celle
chez la femme, et c 'est exacerbé
dans certains cas aussi avec la prise
d 'adenovulants.
Donc, c 'est important, mais ce n
'est pas tout le monde qui a ces mêmes
biomarquants-là.
Donc, le fait d 'établir,
d 'associer, comme l 'a mentionné
le professeur Bourria, d 'associer les
biomarquants à des symptômes
spécifiques
va amener à révéler et de nous
permettre d 'agir et de permettre aux
cliniciens d 'agir sur les symptômes
les plus débilitaires pour répondre
aux besoins des patients.
Parce qu 'à la fin de leur journée,
on fait cette recherche-là pour
répondre aux besoins des patients
et aussi d 'aider les soignants à
amener des solutions pour les
personnes qui fréquentent leur cabinet.
Oui, les plus efficaces.
Mme Dussault, justement, j 'aimerais
vous entendre à nouveau.
Est-ce que vous avez trouvé des
moyens pour soulager ce que vous vivez?
Soulager, c 'est un peu comme M.
Moreau parle.
Le pacing, en fait, c 'est vraiment
de gérer au niveau de son énergie.
Ça, je le fais vraiment beaucoup.
Puis, moi, je ne sais pas pourquoi,
j 'ai comme un symptôme qui apparaît
très vite quand j 'en fais un petit
peu trop.
Puis, c 'est tout de suite la gorge
de mon côté.
Donc, c 'est probablement respiratoire
et tout.
Donc, au niveau de la gorge, ça
vient comme enfler tout ça.
Donc, c 'est comme mon marquant, en
fait, à moi qui me dit de, OK, on
arrête un peu.
Mais c 'est ça.
Donc, c 'est vraiment le repos pour
moi au niveau de soulager.
C 'est sûr que je fais de la
physiothérapie.
Je suis quand même encadrée.
Je prends des vitamines.
J 'essaie vraiment de m 'aider de
ce côté-là au niveau de l 'alimentation
aussi.
Et c 'est ce que j 'essaie de faire,
oui.
Oui.
Professeure Baudrillard, comment on
prend en charge ces patients, plus
particulièrement du côté, justement,
d 'accès aux soins, de la réadaptation,
du soulagement?
Oui.
Alors, au niveau de la réadaptation,
bon, comme vous avez mentionné, je
suis physiothérapeute de formation.
Alors, on est vraiment, tous les
professionnels de réadaptation, ce qui
est au centre de notre profession,
c 'est vraiment d 'aider les gens qui
sont en situation de handicap.
Donc, on parle d 'essayer de diminuer
l 'intensité et la fréquence des
symptômes.
On a parlé du pacing, qu 'on appelle
la conservation d 'énergie ou la
gestion de l 'énergie, ce qui nous
aide à diminuer l 'occurrence des
malaises post-efforts et donc de
pouvoir éviter d 'avoir les crashes
dont mentionnait le professeur
Moreau, diminuer la douleur, diminuer les
atteintes respiratoires, cognitives,
neurologiques,
et tout ça pour contribuer à l
'augmentation des activités, de la
participation et d 'aider aussi,
possiblement, au retour au travail.
Et c 'est très, très important et
c 'est quelque chose qu 'on apprend,
nous, à travers notre profession,
c 'est qu 'avec ces clientèles-là de
EM et de COVID long, il faut vraiment
revoir nos pratiques, c 'est-à-dire
qu 'on a tendance à vouloir donner
des interventions ou on donne un
programme d 'exercice et là, on en
voit… Progressif.
Progressif, voilà, alors que là,
quand on est en présence de malaises
post-efforts, c 'est pas du tout la
chose à faire.
Ça, ça demande vraiment une façon
de revoir la pratique.
Et j 'aimerais aussi mentionner le
fait que maintenant, on a les cliniques
de COVID long qui nous permettent
vraiment d 'avoir un suivi plus adapté
et personnel.
Donc, il y a 15 cliniques qui ont
été subventionnées par le ministère
de la Santé et des services sociaux
depuis mai 2022 à travers les 15, à
travers 15, 6 ICIUS de la province
de Québec.
Et là, on mise à donner des soins
individualisés de réadaptation dès le
début avec des conseils pour pouvoir
surveiller, monitorer et diminuer
la fréquence des symptômes, ainsi
qu 'un suivi médical pour pouvoir aussi
aider à gérer les symptômes de cette
condition-là.
On a passé à travers des journées.
Professeur Moreau, le syndrome de
fatigue chronique, comment on le soulage?
Est-ce qu 'il y a du soulagement?
Est-ce qu 'il y a des moyens,
justement?
Oui, disons que pour tout ce qui
était le volet d 'autonomie, par exemple,
les gens qui ont de l 'intolérance
orthostatique avec ou sans taquicardie
orthostatique posturelle.
Donc, il y a quand même des protocoles
de base que les cliniciens et les
cardiologues savent faire.
Donc, on va augmenter, par exemple,
prendre des solutions plus salines
pour augmenter, pour que les artères
durcissent un peu.
Ici, on recherche à éviter les
potentions.
On veut mettre des bas de soutien.
Il y a un certain nombre d 'exercices
orthostatiques pour essayer d 'augmenter.
Il y a des médications, il y a des
médicaments, donc les bêtas bloqueurs.
Et encore là, les bêtas bloqueurs
ne sont pas tous égaux.
Donc, il y en a qui sont beaucoup
plus adaptés pour traiter les syndromes
de taquicardie orthostatique
posturelle.
D 'autres vont moins bien fonctionner.
Il existe aussi, et on a capturé ça
pendant justement nos tests provoqués,
on voit aussi chez certains individus
qu 'il y a un genre d 'insuffisance
cardiaque qui va amener à ce qu 'on
appelle une insuffisance chronotropique.
Donc, c 'est un mot savant, mais
qui veut tout simplement dire que le
cœur n 'est pas capable de s 'adapter
à la demande d 'efforts.
Même quand on fait un effort ici,
on l 'a rappelé, qu 'un exercice passif,
le cœur normalement devrait se
maintenir ou même augmenter légèrement
le rythme cardiaque.
Donc, on a certains individus, c
'est plutôt rare, mais on les a détectés
dans le contexte de l 'encéphalomyélite
myagique qui est chez quelques
COVID longs, où on voit que justement
lorsqu 'on donne une demande où
on voudrait que le cœur à tout le
moins se maintienne ou augmente un peu
de rythme cardiaque, il y a une
insuffisance de ce côté-là.
Les cardiologues savent très bien
reconnaître l 'insuffisance chronotropique
et à ce moment-là, il y a un suivi
en cardiologie pour ces gens-là pour
voir quelle est la nature de la
défaillance.
Encore une fois, si c 'est une
conductance électrique au niveau du cœur,
le cardiologue pourrait aller jusqu
'à recommander l 'utilisation d 'un
pacemaker.
Il y a d 'autres aussi des médications
qui peuvent augmenter le rythme
cardiaque à l 'effort pendant un
certain temps, mais ça, ça relève de
la cardiologie.
Mais il existe déjà des solutions
qui sont là pour soulager certains des
symptômes les plus débilitants, mais
on ne parle pas ici de guérison et
on doit faire des soins personnalisés
pour les individus qui sont atteints.
Oui, merci.
Pour terminer, professeur Boudria,
très vite, que faire si on pense qu
'un de nos proches, ou même nous-mêmes,
pourrait avoir la COVID longue?
Oui, bien, de la conversation aujourd
'hui, si vous avez, le professeur
Moreau le mentionnait, ce n 'est
pas nécessairement relié à une infection
spécifique.
Vous pouvez avoir eu la COVID et ne
pas vous en être aperçu.
Si votre condition a changé au cours
des trois dernières années, si vous
avez des symptômes de fatigue que
vous n 'êtes pas capable d 'expliquer,
allez voir sur le site du ministère
des services de santé et des services
sociaux l 'ensemble des symptômes,
allez voir si ça correspond à vous
et si c 'est bien le cas, allez
consulter pour pouvoir avoir les soins.
Parce que ce qu 'on a en ce moment,
c 'est des gens qui ont développé
la COVID longue qu 'ils ne le savent
pas et qui sont en train de se
détériorer tant au plan physique qu
'au niveau de la santé mentale.
Donc, c 'est vraiment d 'être alerte.
Si vous entendez des gens qui vraiment
ont une condition qui a changé,
bien, peut-être que ça vienne à l
'idée, hop, on est peut-être en présence
de cette nouvelle condition-là.
De développer des réflexes et puis
de les écouter, ces gens-là, de les
croire aussi et de les supporter.
Oui, c 'est un beau mot de fin.
Donc, merci beaucoup.
Donc, vous venez d 'entendre, on
était en compagnie de Marie-Hélène
Boudria, professeure agrégée à l
'École de Physiothérapie et d 'Ergothérapie
de l 'Université McGill.
On était aussi en compagnie d 'Alain
Moreau, qui est directeur du Réseau
canadien de recherche concertée
interdisciplinaire sur l 'encéphalo-myalgic.
Je vais réussir ça.
Et aussi de Guylaine Dussault, qui
est notre patiente atteinte de la
COVID longue.
Merci beaucoup à tous les trois d
'avoir participé aujourd 'hui.
Merci.
Merci à vous.
Merci à vous.
Voilà, c 'est tout pour cette semaine.
À la régie Daniel Fortin, à la
recherche cette semaine, la réalisation
et au micro Isabelle Burguin.
Je vote pour la science, c 'est une
production de l 'agence Science
Presse avec Radio BM.
Réécoutez l 'émission, partagez-la
si vous l 'avez aimée.
Visitez aussi la page de l 'émission
sur le site de l 'agence Science
Presse pour avoir plus d 'informations
sur la COVID longue.
On va en mettre.
Passez tous une très belle semaine.
Portez-vous bien.